Vie intercommunale,  Vie locale,  Vie municipale

Publié le samedi 6 juin 2020

Patrice Michel-Flandin

Comment avez-vous vécu ces deux derniers mois où tout s’est arrêté ?

« À l’Hôme-Chamondot et pour ce qui me concerne, tout ne s’est pas vraiment arrêté, d’autant plus que les gens du voyage ont investi le terrain de la mairie à partir du 3 avril, c’est-à-dire en plein confinement. Les réactions de certains habitants ont été immédiates et j’ai du consacrer les deux premières semaines de la présence de ces familles à proximité du bourg et qui ignoraient les gestes barrière, à « calmer » les réactions et à devoir expliquer que la loi obligeait les gens du voyage à ne pas quitter notre village avant la fin du confinement, même s’ils avaient quitté Randonnai en toute illégalité. Cela dit, après cela, il ne s’est pas passé une semaine de leur présence sans que j’aille parlementer avec eux afin de leur rappeler qu’ils étaient confinés comme tout le monde, qu’ils ne devaient pas quitter le terrain de la Mairie et que leurs contraintes étaient les mêmes pour tout le monde.

Pour le reste c’est-à-dire pour le travail régulier que requiert la fonction de Maire, l’alternance de la présence de notre secrétaire de mairie à la mairie les jours habituels de permanence (lundi et  jeudi) et de moi-même le lendemain (mardi et vendredi) a été instaurée. Cette organisation convenait bien et permettait, dans un contexte de « plus grand calme », de travailler plus sereinement. Mais, une mairie silencieuse et sans visite, perd beaucoup de son charme et n’est plus vraiment une mairie.

Il y a sur la commune de L’Hôme-Chamondot, trente-et-une personnes de plus de 70 ans. Si pour la plupart d’entre elles, le confinement n’a pas posé de problème, d’autres l’ont vécu comme une épreuve difficile du fait de la solitude, du handicap ou même dans un cas, du fait du décès du conjoint.

Impossible de ne pas penser à ces personnes. Des appels téléphoniques réguliers passés par moi-même, des conseillers anciens et nouvellement élus ainsi que par quelques habitants de la commune, ont permis d’avoir de leur nouvelles voire même d’organiser la logistique de leurs « achats de première nécessité ».

Au travers de ces appels, j’ai eu le plaisir de sentir une reconnaissance presque « familiale ». Discuter un peu et de manière régulière avec ces personnes a été pour elles et pour moi un grand plaisir et ces conversations leur ont fait du bien, autant qu’à moi-même. J’avoue que j’avais un peu l’impression à chaque fois, de prendre des nouvelles de membres de ma propre famille.

Et puis, il y a eu les masques. Grâce à la bonne volonté et à la générosité de nombreuses personnes de L’Hôme-Chamondot et d’autres communes, dont certaines très jeunes, des masques ont pu être fabriqués. Du tissu a pu être rassemblé et partagé entre toutes les personnes de bonne volonté qui se sont fait connaître et qui se sont organisées pour fabriquer des masques le plus rapidement possible. J’ai pu à cette occasion, m’apercevoir que le problème principal était le manque d’élastiques. L’aide de Sylvie Retouche à Tourouvre a été précieuse. Sans elle, nous n’aurions pas pu avoir nos précieux élastiques et aller jusqu’au bout de nos fabrications. Aujourd’hui, grâce à elles, chaque habitant a deux masques et peu dire un immense merci à toutes celles qui ont pu faire marcher à nouveau leur machine à coudre cet instrument très précieux et souvent bien capricieux. Il reste quelques masques à la Mairie pour celles et ceux qui en auraient besoin.

J’ai donc vécu ces deux derniers mois avec enthousiasme car j’avoue ne pas avoir eu beaucoup de mal à mobiliser les personnes qui ont fait preuve d’une bienveillance, de solidarité et de bonne volonté. »

 

  • Dans quel état d’esprit êtes-vous depuis votre élection compte tenu du contexte très particulier que nous traversons ?

« Compte tenu de ce que j’ai écrit précédemment, j’ai le sentiment que le mandat 2020-2026 pour notre nouveau Conseil Municipal, sera placé sous le signe du choix des priorités. Beaucoup d’entre-nous avaient pris l’habitude dans leur vie de tous les jours, de courir après trop d’objectifs. Cela n’a pas manqué de se répercuter sur notre vie d’élus. C’est ce fameux « contexte très particulier » de la pandémie qui nous a fait revenir à la réalité. Plonger dans l’eau froide malgré soi remet la plupart du temps les idées en place. Pour traiter la longue liste de nos projets à L’Hôme-Chamondot, chacun des nouveaux membres du Conseil Municipal, devra prendre en main sa part de travail sur les questions propres à la commission dont il a souhaité faire partie.

Mon état d’esprit est donc de devoir fédérer leurs actions et leurs initiatives avec un suivi régulier, des compte-rendus d’avancée des objectifs et le respect des dates butoirs fixées. Surtout pas tous les projets à la fois, ça ne marche pas et … ça coûte cher. »

 

  • Avec votre équipe municipale, quelles priorités allez-vous mettre en avant dans les semaines qui viennent ?

« La première des priorités sera justement d’établir dans chaque commission, des priorités. Pour l’instant et dans les premiers mois de travail, il s’agira d’embellir la commune, d’investir pour la préservation du patrimoine et de veiller à un entretien plus régulier de la commune. Il faudra reprendre le bulletin municipal sous une forme plus concise plus simple et mieux répartie dans l’année et bien sûr, alimenter l’excellent site internet de la CdC pour y faire vivre la part d’information qui concerne L’Hôme-Chamondot. Quant à la solidarité, je compte sur l’appui des conseillers assez bien répartis dans les différents hameaux pour qu’ils soient des relais dans l’information et dans l’action. »

 

  • Votre commune est adhérente à la Communauté de Communes des Hauts du Perche. Comment envisagez-vous votre rôle au sein de la prochaine assemblée communautaire ?

« Tout dépendra de notre nouveau Président de CdC. Mais dans tous les cas j’y représenterai L’Hôme-Chamondot et il n’y a rien d’autre à dire puisque c’est le rôle du maire dans la CdC de représenter sa commune et surtout pas de l’oublier. Intérêt communautaire oui mais pas lorsqu’il met en danger l’intérêt et surtout, les finances de la commune.

Il ne faut surtout pas oublier qu’à l’origine, la Communauté de Communes a été créée pour aider les communes et pas le contraire. Pourquoi s’être éloigné de ce principe de base. J’espère que notre nouveau Président de la CdC des Hauts du Perche sera dans l’esprit de ce principe originel et qu’il considérera l’ensemble des communes restées indépendantes au même niveau que les communes nouvelles. En fait, pour moi, un Président de CdC, devrait plutôt se considérer plus comme un maire au service de chacune des communes plutôt que comme leur « chef ».

J’espère aussi qu’il y fera régner beaucoup plus de démocratie, que le vote à bulletin secret pour des projets importants sera appliqué. J’avais demandé l’application de ce principe au début du mandat précédent et il m’avait été répondu que « si on fait ça, on avance pas »…

Là aussi, j’espère que les projets ne se bousculeront pas les uns les autres. Beaucoup sont inutiles et se résument à des dépenses d’études hors de prix.

Et puis, malgré les critiques et les images, je continuerai à dire ce que je pense et non pas ce qu’il est bon de penser. »

 

  • Vous êtes élu depuis quelques jours. Quel message souhaitez-vous adresser à vos administrés ?

« La santé est ce qu’il y a de plus important. Restons vigilants pour nous-mêmes et pour les autres. Cette épidémie est elle en déclin ? qui peut le dire ? Tous les avis sur ce point divergent.

Gardons-nous de penser que nous ne sommes plus concernés et respectons-nous à distance.

La bise et la poignée de main font partie de notre culture et c’est difficile d’y résister c’est vrai mais pour le moment, respectons-nous à la japonaise. Après tout, le salut est fort et respectueux. »

 

Propos recueillis par Bernard Bramoullé

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