Le Président de la République à Saint-Maurice-lès-Charencey

Samedi 10 juin 1972, à Saint-Maurice-lès-Charencey, c’est l’effervescence. Un invité exceptionnel est attendu. Tout est prêt. Le 31 mai, lors de la séance du conseil municipal, Hubert Houssay, maire, et son équipe ont tout prévu. Le pavoisement du bourg, l’installation de 45 barrières, l’interdiction de stationner dans le centre. Et l’on décide pour l’occasion « d’acheter un livre d’or en cuir noir, » se rappelle Gérard Lebeaut. L’ancien notaire de Saint-Maurice est alors adjoint d’Hubert Houssay. Il est aux premières loges. Aujourd’hui encore, il se souvient parfaitement de cette journée historique. « Georges Pompidou qui aimait beaucoup la course automobile donne à 16 heures le départ des 24 heures du Mans. Le cortège présidentiel quitte la Sarthe pour rejoindre Paris. Le président et son épouse Claude sont dans leur Citroën SM. Successivement, ils vont s’arrêter à Igé, Mortagne-au-Perche avant de rejoindre Saint-Maurice-lès-Charencey. » Il est 18h45 quand le président est accueilli par les habitants et un parterre d’officiels. Georges Pompidou n’est pas venu seul. À ses côtés plusieurs ministres : Messieurs Chalandon, Marcellin, Ortoli et Comiti. Gérard Lebeaut se rappelle : « Depuis l’étage de la mairie où se trouvait à l’époque l’école des garçons, les services de sécurité veillaient discrètement au grain. » Le couple présidentiel restera environ une heure sur place : le temps de prendre un bain de foule, de saluer un jeune couple marié dans l’après-midi et de prononcer un discours. Sans oublier : « La signature du livre d’or. Georges Pompidou s’est assis dans le fauteuil de mon père qui était notaire. » Les deux paraphes ont été précieusement conservés. Gérard Lebeaut garde également en mémoire l’image de « Claude Pompidou, les bras chargés de fleurs et vêtue d’un manteau blanc de shantung, un tissu de soie sauvage. » Et puis sous le regard des enfants des écoles, le Président de la République et son épouse ont quitté l’Orne dans une autre voiture. Sans doute une DS. Elle a pris la direction « de Moussonvilliers où attendait un hélicoptère pour emmener le couple présidentiel à Paris. » Successeur du Général-de-Gaulle à l’Élysée, Georges Pompidou atteint d’un cancer longtemps caché décèdera le 2 avril 1974 un peu moins de deux ans après son passage à Saint-Maurice-lès-Charencey. Est-il le seul président à avoir visité la commune ? « Je pense que oui même si j’ai entendu parlé sans en avoir confirmation du passage du Président Albert Lebrun en 1934, » termine Gérard Lebeaut conscient d’avoir vécu un moment unique en 1972.

 

 

Un discours très actuel

 

En réponse à Hubert Houssay, maire de Saint-Maurice-lès-Charencey, Georges Pompidou avait abordé un sujet qui est plus que jamais d’actualité presque 50 ans après : la ruralité confrontée au changement rapide de la société.

Voici un extrait de son allocution : « (…)Je souhaite vivement que l’avenir de notre pays ne se traduise pas par la diminution d’activités dans les petites localités C’est dans nos campagnes sans aucun doute que doit rester la vie, la vie fondamentale, la base même du pays. Il n’en n’est pas moins vrai que l’avenir est l’urbanisation, la vie est l’industrialisation et vous-même d’ailleurs finirez bien par en avoir quelques retombées comme l’on dit maintenant, ne serait-ce qu’à cause de votre proximité de Paris et à l’amélioration, à laquelle nous veillerons, soyez en certain, de la nationale 12 qui nous y rejoint. Mais il n’en est pas moins vrai, qu’il faut que l’on puisse garder cette vie rurale et qui n’est pas simplement agricole, qui est aussi artisanale comme vous l’avez rappelé. (…) Il faut avoir confiance, vous avez confiance, vous l’avez très bien dit, dans la France et ses petits villages. Ces petites localités sont l’image de la France, c’est-à-dire qu’elles connaissent des problèmes, qu’elles connaissent des difficultés du changement de passer d’un monde tout à fait différent, qui était celui d’hier, à un monde très difficile qui est celui d’aujourd’hui, mais qui comporte avec ses difficultés beaucoup d’espérance et beaucoup de source de force et de puissance pour notre pays et par conséquent, j’espère aussi de bonheur pour ses habitants (…)

Georges Pompidou, Président de la République, 10 juin 1972

 

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