« T’es la fille/le fils du prof de toute façon. Il t’a donné toutes les questions hier soir ! »
« C’est peut-être à cause de ce genre de commentaires qu’on nous faisait régulièrement qu’il était encore plus dur avec nous qu’avec les autres en classe. Du moins c’est comme ça que nous le voyions. Mais pour toute une génération (ou même deux), Bernard David était le prof d’anglais plutôt cool de notre collège.
Bernard David, professeur d’anglais au collège Félix-Leclerc de 1973 à 2007 (année de son départ en retraite), fondateur et président de la Maison des Jeunes de Longny pendant 20 années nous a quitté très soudainement en décembre 2021 alors qu’il allait enfin pouvoir passer Noël avec tous ses enfants et petits-enfants réunis pour la première fois depuis 2018.
Toujours discret mais toujours militant pour l’accès à l’éducation, la culture et les loisirs. Il avait bien compris qu’une vie et une jeunesse dans un tout petit village du Perche ne signifiait pas que les jeunes du village ne devaient pas bénéficier d’une ouverture sur le monde qui lui était chère.
Malgré sa réticence à prendre un poste à Longny (il avait enseigné à Bellême auparavant), il passa plus de 34 ans au collège. Il enseigna le latin, la couture mais surtout l’anglais langue vivante pendant la majorité de sa carrière. Qui se souvient encore de Monsieur David et sa règle qu’il aimait taper sur son bureau pour faire taire les bavards ? Mais son rôle au collège allait bien au-delà des cours d’anglais. Il aimait prendre sous son aile de nombreux jeunes en difficulté, leur donner une autre chance. L’éducation ne passait pas que par les notes. Il anima un club de théâtre et donna de son temps pour les nombreux spectacles (souvent à la sono) et voyages (notamment à Milverton).
En 1978, il fonda et construisit de ses propres mains avec des amis et collègues, la Maison des Jeunes et de la Culture de Longny. Cette association, sous sa direction, permit à des centaines de jeunes de la région de s’amuser, de sortir, de faire du sport, de découvrir d’autres choses. Je me souviendrai toujours des soirs, des week-ends, à organiser des fêtes (comme la St jean), des centres de loisirs, des spectacles (qui se souvient d’Henri Dès à la salle des fêtes ?), des ateliers photo, danse, yoga ou encore judo. Et le tout entièrement et toujours bénévolement !
Bernard fut un véritable pilier de la scène associative, éducative et culturelle dans notre petit coin du Perche pendant toutes ces années. Pour moi, mon frère et ses petits-enfants, il était aussi le papa/papy qui n’en disait peut-être pas beaucoup mais qui les aimait beaucoup et qui leur montrait en leur construisant des jouets, des meubles et toute sorte de choses magnifiques en bois. Après 2 merveilleuses petite filles, il s’était même exclamé un “oui!” assez inhabituel à l’annonce d’un petit fils à venir.
Et pour la petite histoire, les questions pour les évaluations (ou contrôles comme on les appelait), je ne les voyais jamais à l’avance. »
Annabelle Humanes & Ronan David
Portrait de Bernard David